jeudi 11 avril 2013

2087 de David Bry.


Il y a un bon moment que cette chronique est due ! J'ai lu 2087 durant l'automne dernier, et j'avais beaucoup aimé le bouquin. Seulement, j'ai un peu oublié de le critiquer, et comme dirait l'autre, j'ai par la suite oublié que j'avais oublié.

Je vous rappelle qu'à la Shangrymania, je ne critique que les bouquins que j'ai appréciés, car je n'aime pas descendre une oeuvre, je suis bien trop conscient du boulot et de l'engagement que représente l'écriture d'un livre.

Ces derniers temps, le bouquin de David Bry reçoit de plus en plus de critiques élogieuses, et je me suis souvenu du bon moment que j'ai passé le nez dans ses lignes.

D'autre part, et ce n'est pas anodin, 2087 est désormais éligible pour le fameux prix Rosny, qui a déjà récompensé Laurent Whale, un auteur que j'ai particulièrement apprécié (voir la spéciale Laurent Whale), et d'autres manieurs de plumes tout aussi talentueux (la liste des récompensés ici). Vous pouvez d'ailleurs aider à élire vos auteurs favoris dans la liste de cette année, la procédure se trouve à cette adresse.

Bon, le bouquin a aussi reçu le prix des lecteurs de la librairie l'Antremonde, ce qui n'est pas rien.


La preuve en images.


Et ouais, c'est pas pour m'envoyer des fleurs, mais à la Shangrymania, tout de même, on a bon goût ! J'avais déjà flairé Thierry Mulot et son "fils déchu" avant que celui-ci ne paraisse, et...

Ces fleurs là ? En plus y a le vase avec.

Enfin bref. Tout ça pour vous dire qu'une critique de 2087 me paraissait couler de source, même si depuis l'auteur a publié ses "contes désenchantés" que vous pouvez commander dans plein de librairies, et si vous êtes trop fainéants pour fouiner dans google, allez, je vous fais péter les liens qui vont bien.

Le bon bouquin que j'ai lu...
Vous pouvez commander 2087 ici.



Et celui que j'ai pas lu.

Vous pouvez commander les contes désenchantés ici.


Cette parenthèse mercantile mise à part, voilà donc le moment que vous attendez tous : la critique de 2087.

La Critique de 2087 par Shangry  !


Bah c'est très bien, achetez le bouquin.

 Fin de

La Critique de 2087 par Shangry  !



Non, allez, revenez ! C'était une blague.

C'était pas drôle ! Hak !


Bienvenue dans le Paris de 2087 !

Enfin, façon de parler. Paname, c'est plus trop ce que c'était. Les élites et ceux qui peuvent se le permettre vivent en hauteur, au-dessus des brumes radioactives. On se rencontre pour se détendre dans des bars à oxygène. On s'envoie en l'air dans des centres de réalité virtuelle, on s'éclate les neurones jusqu'à l'épuisement dans les sensothèques. Les bas-fonds de la ville et la proche banlieue, dont l'on se protège par de hauts murs et un dôme anti-radiations, sont hantés par les mutants et les contaminés, exclus de la société. Une société où le statut social dépend de l'efficacité de votre masque à gaz et de votre combinaison filtrante, en somme... Le bonheur tient à si peu de choses.

C'est dans cet univers glacé et néfaste que Gabriel évolue. C'est un privé, Gabriel, un ancien de l'AdP, l'armée de Paris, qui vivote et survit à la petite semaine. Il est beau, il est grand, il est fort, il...

Non en fait. Gabriel est humain, et un humain normalement constitué, dans une ville comme Paris en 2087, possède fatalement quelques failles. Gabriel est donc sensible, hanté par son passé, bouffé par les pilules qu'il consomme en overdose pour pouvoir grappiller quelques heures de sommeil dans sa chambre de seconde zone... Là encore, c'est la fête !

Un jour, Gabriel se lance sur un coup de tête dans la plus grande affaire de sa modeste vie. Enfin non, pas sur un coup de tête, à cause d'une tête reçue dans une boîte. Si, je vous jure. Comme quoi, en 2087, le spam et les prospectus dans les boîtes aux lettres, c'est plus ce que c'était non plus.

Ce point de départ inattendu va entraîner Gabriel, et par corollaire, toi lecteur, dans une suite d'aventures mouvementées qui révélera un complot d'une ampleur inattendue. Trahison, suspicion, retournements de situations et autres broutilles en -on vont désormais rythmer le quotidien du privé, soudain très populaire auprès de groupes et factions qui eux, ne le sont pas toujours.

Bref, c'est un vrai sac de noeuds où patientent quelques vipères que notre privé va devoir affronter, esquiver, où tromper. Tout cela pour peut-être trouver une vérité qu'il n'espérait plus découvrir...

David Bry surprend par la profondeur, la cohérence et la densité de son univers. On y croit, tout simplement, et c'est là un signe qui ne trompe pas : le signe que David est un grand conteur, quelqu'un qui sait planter son décor et ses personnages, et il le fait de façon originale. A notre époque de poncifs et de déjà-vus, cela fait du bien.

D'ailleurs, en parlant des personnages, là encore, il y a du très bon. On est assez loin des clichés habituels du genre. Ce qui caractérise Gabriel, c'est avant tout une sensibilité à fleur de peau. Dans une ville où tout est aseptisé, artificiel, radioactif, Gabriel nous contamine de son humanité ! On s'identifie à ce personnage car il devient notre radeau, notre sauvegarde dans un univers hostile et impitoyable envers les faibles. D'où la question en filigrane qui revient plusieurs fois dans ce texte : notre propre humanité fait-elle de nous des hommes plus forts ou plus faibles ? Meilleurs ou simplement plus vulnérables face à l'adversité ?

Et si ces questions ne vous tourmentent guère, lisez malgré tout ce bouquin, car le dépaysement y est garanti. C'est de la vraie anticipation comme je les aime, hostile, barbare, glacée, mais qui nous démontre que, même dans le pire des mondes possibles, l'homme demeure libre de ses choix et responsable de ses défaites.

Et cette leçon, même si elle se paie parfois cher, mérite toujours d'être apprise.


 




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